«Celui qui sauve une seule vie sauve le monde entier.» Le Talmud

J’étais présent, samedi 18 juillet, à la cérémonie pour la Journée nationale en mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France à Saint-Etienne. Combattons sans cesse l’oubli et la haine. Il y a 25 ans, Jacques Chirac délivrait un discours historique en reconnaissant la responsabilité de la France dans la rafle du Vel’ d’Hiv.

« Cher papa, on nous emmène au Vélodrome d’Hiver, mais faut pas nous écrire maintenant parce que c’est pas sûr qu’on restera là. Je t’embrasse bien fort et maman aussi. Ta petite fille qui pense toujours à toi ». Marie Jelen, dix ans

Marie Jelen adresse le 16 juillet 1942 à son père, un ancien tailleur polonais du 19è arrondissement, contraint de travailler dans une exploitation agricole ardennaise. Lettre après lettre, il y en aura sept au total, on suit son calvaire du Vélodrome d’Hiver jusqu’au camp de Pithiviers. Marie y attrape la scarlatine, puis la varicelle. Le 21 septembre 1942, Marie monte avec 163 autres enfants, dans un train, le convoi n°35 pour Auschwitz, où elle arrive le 23 septembre. Ce même jour, Marie, petite française de dix ans, arrêtée, séparée de sa maman et livrée par la police française dans le cadre de cette « rafle des Innocents », sera assassinée dans les chambres à gaz. Des lettres comme celles-ci, Mme Karen Taieb en a rassemblées des dizaines d’autres dans son ouvrage « Je vous écris du Vel d’Hiv. ». Des lettres qui racontent l’arrestation au petit jour.

Ces 16 et 17 juillet 1942, 4 500 policiers français arrêtent à leur domicile 13 152 Juifs, dont 4 115 enfants, tous Français. Durant ces jours sombres, la France a trahi. Elle a trahi ses citoyens. Trahi ceux qui croyaient en sa protection et qui pensaient y trouver refuge. Elle a trahi ses valeurs, celle d’un pays qui, en 1791, a été le premier d’Europe à reconnaître les Juifs comme des citoyens à part entière.
La Rafle du Vel d’Hiv est devenue le symbole de toutes les autres, l’emblème des persécutions menées contre les Juifs en France.Nous ne devons pas oublier les crimes contre les populations tziganes, homosexuelles et handicapées.
«Ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions». Jacques Chirac, Président de la République
Le 16 juillet 1995, à l’occasion des cérémonies commémorant le 53ème anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv, les 16 et 17 juillet 1942, le Président de la République, Jacques Chirac, reconnaissait pour la première fois la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des Juifs.
Le 16 juillet 2017, Emmanuel Macron, Président de la République, a réaffirmé la responsabilité de l’État français dans la déportation de 13.000 Juifs, en juillet 1942
Oui, je le redis ici, c’est bien la France qui organisa la rafle du Vél d’Hiv puis la déportation et donc, pour presque tous, la mort, des 13 152 personnes de confession juive arrachées les 16 et 17 juillet 1942 à leur domicile» Emmanuel Macron, Président de la République
J’ai constaté non sans une certaine amertume, en dehors du Maire et de deux adjoints, que celles et ceux qui il y a un mois encore briguaient les suffrages des Stéphanois n’ont pas jugé utile de participer à cette commémoration. Cela en dit beaucoup de notre société malade d’une montée du communautarisme.