J’ai été désigné, ce mercredi 16 septembre, vice-président de la mission d’information de l’Assemblée nationale « Bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne ». Cette mission, composée de 25 membres issus de tous les bancs de l’Assemblée nationale, devrait rendre ses conclusions à la fin du printemps 2021.
Pendant cette si singulière crise sanitaire, l’utilité des outils numériques s’est imposée dans notre société. Les entreprises du numérique ont eu, en effet, un rôle déterminant pendant la crise du Covid-19 !
L’activité numérique de nos économies devient donc une composante de notre compétitivité et de notre capacité à relever les défis du futur qu’ils soient d’ordre technologique, organisationnel ou sociétal.
Si les enjeux technologiques sont, certes, importants, ils doivent être aussi au service de la citoyenneté et de nos sociétés.
Aussi parce que nous ne pouvons pas nous laisser dicter nos choix par d’autres que ce soient des puissances étatiques ou bien des puissances privées, il nous faut réfléchir ensemble à une nouvelle grammaire du numérique pour la France et pour l’Europe.
Tel est l’enjeu de cette mission : il en va de la protection de notre modèle de société tout comme de notre souveraineté !
↪️ Les enjeux :
- Les réactions et critiques qui ont été récemment formulées dans l’Hémicycle et dans le débat public sur le choix notamment de Microsoft comme hébergeur des données du Health Data Hub, la plateforme gouvernementale de santé, montre la sensibilité du sujet de la souveraineté numérique et son importance en politique publique mais aussi en tant qu’enjeu de société[1].
- La souveraineté à savoir la liberté d’action d’une nation se transforme dans le contexte de dématérialisation croissante des échanges que connaissent nos économies. Si des menaces existent pour la défense ou l’industrie européenne, le risque est aujourd’hui en particulier celui d’une domination technologique de l’Europe par des sociétés notamment américaines ou chinoises : GAFAM NATU BATX[2].
- Dans l’ensemble, la souveraineté numérique désigne d’une part la capacité des États à agir dans le cyberespace et d’autre part leur difficulté à assumer leurs fonctions traditionnelles face à des acteurs transnationaux puissants et dotés d’une avance technologique indiscutable.
- Le principal obstacle est le renoncement généralisé alors qu’il faudrait faire du sujet de la souveraineté numérique un enjeu stratégique européen. Comme le rappelle très récemment le commissaire au marché intérieur T. Breton[3] : « Il faut assurer la souveraineté numérique de l’Europe ».
La souveraineté est dans une démocratie une liberté collective. Si aujourd’hui elle s’étend aussi à l’univers numérique, à nous de faire de cette dimension une expression nouvelle de notre liberté.
[1] « Souveraineté numérique : quelles stratégies pour la France et l’Europe ? » Bernard Benhamou dans Les cahiers français, mars-avril 2020.
[2] Google Amazon Facebook Apple Microsoft Netflix Airbnb Tesla Uber et Baidu, Alibaba, Tencent et Wiomi.
[3] « Il faut assurer la souveraineté numérique de l’Europe » Thierry Breton dans Le Figaro, 1er Juillet 2020