Avec 84 parlementaires issus de tous bords politiques, j’ai co-signé une tribune, parue dans le Journal du Dimanche en date du 23 septembre, dans laquelle nous appelons à ce que la condition animale soit politisée.
LA CONDITION ANIMALE DOIT ÊTRE POLITISÉE : QUELLE QUE SOIT L’ÉMOTION QU’ELLE SUSCITE, ELLE N’AVANCERA QUE PAR LA RAISON ET UNE APPROCHE INTERMINISTÉRIELLE.
7 français sur 10 considèrent que les animaux sont mal défendus par les politiques. C’est ce qu’indique un sondage conduit en février 2018 par l’IFOP pour la « Fondation 30 millions d’amis ».
L’Assemblée Nationale a adopté récemment le projet de loi « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable » qui comportait un article dédié à la question du bien-être animal.
Parce que les Français réclament aujourd’hui des mesures fortes en faveur de la protection animale, cet article de la loi, l’article 13, a suscité d’immenses attentes … et autant de déceptions de la part des citoyens et des associations de protection animale.
Pourtant, des avancées en matière de condition animale ont été votées dans cette loi. Quelques exemples : l’extension du délit de maltraitance animale et le doublement des peines (qui passeront de 6 mois d’emprisonnement et 7500 € d’amende à 1 an et 15 000 € d’amende), la possibilité́ offerte aux associations de protection animale de se porter partie civile en cas de mauvais traitements sur les animaux, la nomination d’un responsable de la protection animale disposant du statut de lanceur d’alerte dans chaque abattoir ou encore la sensibilisation au bien-être animal au sein des programmes d’enseignement et des formations agricoles.
Ces premiers pas sont-ils suffisants ? Non. Mais nous saluons ces avancées qui ont de plus permis que la condition animale soit longuement débattue dans l’hémicycle, lui donnant ainsi l’importante visibilité qu’elle mérite.
D’autres amendements à cet article 13 ont été rejetés dans l’hémicycle, déclenchant la colère des associations et des citoyens défenseurs des animaux, colère relayée par les médias et les réseaux sociaux. Disons-le clairement : des pratiques de maltraitance animale vont persister dans notre pays, les exemples les plus terrifiants étant le broyage vivant d’environ 50 millions de poussins mâles par an ou encore la castration des porcelets sans anesthésie.
Il nous reste donc, à nous les députés sensibles à la condition animale, beaucoup de travail et d’énergie à déployer pour continuer à porter ce combat, partagé par une majorité de Français.
Mais ces derniers doivent savoir et toujours se souvenir qu’il faut des majorités dans l’hémicycle pour faire ou modifier la loi. Pour obtenir ces majorités, il faut des députés fortement sensibilises et présents au moment des votes. Et enfin, pour avoir des députés prêts à voter en faveur des animaux, il faut prendre préalablement le temps, dans des agendas bousculés par de nombreux autres sujets importants, d’argumenter et de convaincre pour sortir de la seule émotion, en associant considérations éthiques, morales, philosophiques à des données scientifiques, objectives et chiffrées.
Toute avancée de la condition animale devra, aussi, prendre en compte la complexité des enjeux et des intérêts concernés : dans un contexte de crise économique frappant tout particulièrement le monde paysan, rien n’avancera sans considérer aussi les intérêts et les enjeux économiques des filières agricoles.
La politique est l’art de rassembler. C’est aussi savoir renoncer à certains combats – parfois la mort dans l’âme – pour obtenir des accords, créer des majorités, et en gagner d’autres.
La condition animale n’échappera pas à cette méthode : il est impératif que les associations de protection animale, les citoyens et les députés sensibles à la cause animale travaillent ensemble dans le même sens.
Et, si l’on veut aller au-delà de réformes limitées ou anecdotiques, le traitement de la condition animale requiert une approche interministérielle impliquant donc l’ensemble du gouvernement.
Notre pays serait ainsi fidèle à sa réputation de « Pays des lumières », fidèle à Lamartine, Hugo, Schœlcher, Zola ou Yourcenar, qui liaient tous le progrès humain à la considération pour les animaux, s’il donnait, en Europe, une véritable impulsion à cette cause.
En n’oubliant jamais que ce qui est en jeu est la défense non pas du seul bien- être animal, mais la défense d’un seul bien-être qui lie condition animale, condition humaine et protection de l’environnement.
Les signataires :
Loïc Dombreval, président du groupe d’étude « condition animale » de l’Assemblée Nationale
Samantha Cazebonne et Claire O’Petit, vice-présidentes du groupe d’étude » condition animale »
Yannick Kerlogot, député des Côtes d’Armor
Michel Lauzzana, député du Lot-et-Garonne
Alice Thourot, députée de la Drôme
Anne-Laurence Petel, députée des Bouches-du-Rhône
Carole Bureau-Bonnard, députée de l’Oise, Vice-Présidente de l’Assemblée nationale
Pascale Boyer, députée des Hautes-Alpes
Pierre Cabaré, député de Haute-Garonne
Luc Carvounas, député du Val-de-Marne
Annie Chapelier, députée du Gard
Dominique Da Silva, député du Val-d’Oise
Eric Diard, député des Bouches-du-Rhône
Fabien Gouttefarde, député de l’Eure
Emilie Guerel, députée du Var
Meyer Habib, député des Français établis hors de France
Yannick Haury, député de Loire-Atlantique
Philippe Michel-Kleisbauer, député du Var
Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire
Barbara Pompili, députée de la Somme, Présidente de la Commission du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire
Laëtitia Romeiro Dias, députée de l’Essonne
Lauriane Rossi, députée des Hauts-de-Seine, Questeure de l’Assemblée nationale
Frédérique Tuffnell, députée de Charente-Maritime
Eric Straumann, député du Haut-Rhin
Laurence Vanceunebrock-Mialon, députée de l’Allier
Corinne Vignon, députée de Haute-Garonne
Cédric Villani, député de l’Essonne
Jean-Marc Zulesi, député des Bouches-du-Rhône
Fabien Matras, député du Var
Philippe Chalumeau, député d’Indre-et-Loire
Cécile Rilhac, députée du Val d’Oise
Bruno Bilde, député du Pas-de-Calais
Michèle Peyron, députée de Seine et Marne
Marine Brenier, députée des Alpes-Maritimes
Bertrand Sorre, député de la Manche
M’jid El Guerrab, député des Français établis hors de France
Erwan Balanant, député du Finistère
Dimitri Houbron, député du Nord
Olivier Damaisin, député du Lot-et-Garonne
Catherine Osson, députée du Nord
Bruno Questel, député de l’Eure
Olivier Becht, député du Haut-Rhin
Fabienne Colboc, députée d’Indre-et-Loire
Alexandra Valetta Ardisson, députée des Alpes-Maritimes
Sébastien Nadot, député de Haute-Garonne
Laurent Furst, député du Bas-Rhin
François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône
Stéphane Testé, député de la Seine-Saint-Denis
Jean-François Cesarini, député du Vaucluse
Stéphanie Kerbarh, députée de la Seine-Maritime
Jacques Marilossian, député des Hauts-de-Seine
Laurent Garcia, député de Meurthe-et-Moselle
Josy Poueyto, députée des Pyrénées-Atlantiques
Vincent Ledoux, député du Nord
Sarah El Haïry, députée de Loire-Atlantique
Bérangère Abba, députée de la Haute-Marne
Jean-Michel Mis, député de la Loire
Jean-Pierre Cubertafon, député de la Dordogne
Xavier Paluszkiewicz, député de Meurthe-et-Moselle
Nicole Trisse, députée de Moselle
Sébastien Leclerc, député du Calvados
Eric Alauzet, député du Doubs
Jean-Pierre Pont, député du Pas-de-Calais
Nadia Ramassamy, députée de la Réunion
Didier Martin, député de la Côte-d’Or
Sandra Marsaud, députée de la Charente
Anissa Khedher, députée du Rhône
Michel Castellani, député de Corse
Jean-Philippe Ardouin, député de la Charente Maritime
Paul-André Colombani, député de Corse du Sud
Jean-Louis Masson, député de Moselle
Michel Herbillon, député du Val-de-Marne
Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne
Yolaine de Courson, députée de la Côte-d’Or
Christophe Arend, député de la Moselle
Béatrice Piron, députée des Yvelines
Béatrice Descamps, députée du Nord
Aude Luquet, députée de Seine-et-Marne
Patricia Gallerneau, députée de la Vendée
Bertrand Bouyx, député du Calvados
Pierre-Yves Bournazel, député de Paris
Hugues Renson, député de Paris, Vice-Président de l’Assemblée nationale
Laurence Vichnievsky, députée du Puy-de-Dôme
Hubert Julien-Laferrière, député du Rhône
Christophe Naegelen, député des Vosges
Elisabeth Toutut-Picard, députée de la Haute-Garonne
Retrouvez ci-dessous la tribune :