Depuis plusieurs années, notre pays, comme l’ensemble de l’Europe et des pays occidentaux, est confronté à une résurgence de l’antisémitisme sans doute inédite depuis la seconde Guerre Mondiale. Hier soir encore, ce sont, plus de 100 tombes juives qui ont été profanées au cimetière de Westhoffen, dans le Bas-Rhin.
L’augmentation de 74% des actes antisémites en 2018 par rapport à l’année précédente s’inscrit dans une progression constante de l’antisémitisme depuis plus de vingt ans en France.
Aujourd’hui en France certains visages de l’antisémitisme perdurent en toute impunité et ce, malgré un arsenal juridique particulièrement complet par rapport à nos voisins européens.
C’est pourquoi comme l’a rappelé à deux occasions le président de la République (discours du Vél d’Hiv, 16 juillet 2017 et dîner du CRIF, 20 février 2019) :
Nous ne céderons rien à l’antisionisme car il est la forme réinventée de l’antisémitisme.
Cette position, Emmanuel Macron l’a d’ailleurs réaffirmé lors du second dîner du CRIF de son quinquennat, le 20 février dernier : « la France mettra en œuvre la définition de l’antisémitisme adoptée par l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah », qui, précisément, y intègre l’antisionisme. « Il s’agit de préciser et de raffermir les pratiques de nos forces de l’ordre, de nos magistrats, de nos enseignants, de leur permettre de mieux lutter contre ceux qui cachent derrière le rejet d’Israël la négation même de l’existence d’Israël ».
Aussi, et je tiens à le souligner, il ne s’agit aucunement de modifier le Code pénal, ni d’empêcher ceux qui veulent critiquer la politique israélienne de le faire. Il s’agit de permettre à nos forces de l’ordre, à nos magistrats, à nos enseignants, d’être mieux formés et plus efficaces.
Cette définition, déjà adoptée par le Parlement européen le 1er juin 2017 et le Conseil de l’Union européenne en 2018, ainsi que par quinze États européens à l’échelle internationale, illustre les différentes formes de l’antisémitisme contemporain.
Elle est ainsi formulée : « L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte. »
Comme l’a rappelé Frédéric Potier, Délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, « Cette définition n’est pas juridiquement contraignante et elle n’a pas vocation à l’être. Il ne s’agit en aucune façon de modifier le code pénal ou la loi de 1881 sur la liberté de la presse. (…) Cette résolution revêt une valeur éminemment symbolique, celle de rappeler la détermination de la représentation nationale à lutter contre l’antisémitisme sous toutes ses formes. »
« L’antisémitisme n’est pas le problème des Juifs, c’est le problème de la République. L’antisémitisme, c’est la haine de l’autre. Ce sont toutes les haines additionnées. » Emmanuel Macron
Ce texte doit être pris pour ce qu’il est et seulement pour cela : une définition plus précise de l’antisémitisme, permettant de prendre en considération une évolution que nous sommes unanimes à relever et à dénoncer.
L’antisémitisme, c’est la haine de l’autre. L’antisémitisme, c’est, comme l’a exprimé, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, dans l’hémicycle à l’occasion des débats :
La bêtise et la violence. L’antisémitisme, c’est un affront fait à la République et c’est une atteinte à la France. En février dernier, le Président de la République avait donc fait une promesse : « Plus jamais ça ». Cela signifie que personne ne peut être injurié, menacé ou agressé pour ce qu’il est, pour son origine ou pour sa couleur de peau.
Cette promesse, je crois, n’est pas seulement adressée aux Français deconfession juive. Non : selon moi, elle est plus large, elle s’adresse à toutes celles et à tous ceux qui aiment et respectent la République, qu’ils croient ou qu’ils ne croient pas. « Plus jamais ça », cela veut dire que chacun doit être protégé, que chacun doit être en mesure d’exercer son culte dès lors qu’il accepte nos valeurs et nos lois. Cette promesse, enfin, c’est un avertissement : un avertissement ferme et sans ambiguïté à tous ceux qui se croient au-dessus des lois.
Cette résolution, je le rappelle, n’a pas vocation à importer au sein du débat public et parlementaire une concurrence victimaire entre les différents propos et actes haineux. Il va de soi que la lutte contre l’antisémitisme s’inscrit dans la lutte contre toutes les formes de haine.
En effet, et je reprendrai là aussi les mots de notre ministre de l’Intérieur :
Cette proposition de résolution est une avancée dans la lutte contre l’intolérance mais ce n’est qu’une étape. Nous avons parlé d’antisémitisme, mais je n’oublie pas les atteintes antichrétiennes, (…), ni les atteintes antimusulmanes (…). Tous ceux qui respectent les lois de la République méritent protection, quelle que soit leur foi, quelles que soient leurs pratiques, quelle que soit leur origine ou leur couleur de peau.
D’ailleurs l’Assemblée nationale a souhaité, sur proposition du président du groupe de notre majorité, Gilles Le Gendre et en accord avec le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand et de l’ensemble des groupes politiques, créer une mission d’information sur l’émergence de nouvelles formes de racisme et de discrimination et sur l’évaluation des dispositifs de prévention et de sanction. Ses travaux devraient débuter très prochainement.
▶︎ Vous trouverez ci-dessous le texte de la proposition de résolution :