Seconde réunion de la Task Force Blockchain: « il nous faut lever les verrous, notamment juridiques »

Ce lundi 10 février, au Centre de conférences Pierre Mendès-France du Ministère de l’Économie et des Finances, j’ai participé à la seconde réunion de la task force Blockchain. Installée le 25 juillet dernier, cette force opérationnelle doit permettre la mise en œuvre de la stratégie nationale blockchain, la poursuite du dialogue entre l’écosystème blockchain et l’Etat et de réunir  les experts nationaux de la blockchain issus du secteur public, d’associations, du monde de l’entreprise et de la recherche.

Après une présentation de l’état d’avancement de la stratégie nationale blockchain et du dynamisme de l’écosystème français Blockchain Nation, par Blandine Dusser de la Direction générale des entreprises (DGE), puis un point sur l’accompagnement réglementaire des porteurs de projets blockchain avec le dispositif France Expérimentation, les membres de la mission INRIA (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) /CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives)/IMT (Institut mines télécoms) ont donc présenté les premières conclusions de leur mission prospective sur les enjeux technologiques de la blockchain.

A cette occasion, ils ont exposé les défis technologiques que posent les technologies de registres distribués et leur analyse de la maturité de ces technologies. Ils ont aussi présenté un état des lieux de la recherche et des formations existantes en France dans le domaine de la blockchain.

Enfin, ils ont détaillé leurs recommandations pour favoriser l’essor des technologies de registre distribués en France et la consolidation d’une excellence française.

Cette présentation des chercheurs de l’INRIA, du CEA et de l’IMT a mis en exergue la maturité des usages de registre, sur lesquels les cas d’usage se multiplient et permettent l’émergence de futurs champions français de la technologie.

Les usages plus complexes de la blockchain, à forte valeur ajoutée, tels que les contrats intelligents avancés ou l’intelligence artificielle distribuée, n’ont, eux, pas encore dépassé le stade théorique.

Pour mener à bien ce passage à la pratique, la France bénéfice d’ores et déjà d’atouts majeurs. 

En effet, les différentes cartographies présentées par les chercheurs révèlent la richesse de la recherche française, le foisonnement de start-ups développant des modèles économiques utilisant la blockchain et l’attrait grandissant des talents pour ce domaine technologique, tant dans les formations d’ingénierie, d’informatique, qu’en droit ou en économie.

 

L’aide des instances publiques dans la structuration des échanges est nécessaire, afin d’optimiser les synergies entre ces parties prenantes.

Par ailleurs, les problématiques de confidentialité de données et d’inter-opérabilité entre les systèmes ont été soulignées par les chercheurs, et il s’agit de points cruciaux à résoudre pour lever les blocages rencontrés par les projets collaboratifs à grande échelle autour de la blockchain.

La France a ainsi un rôle stratégique à jouer dans les améliorations techniques de la blockchain pour obtenir un avantage concurrentiel dans ces applications futures.

Encore faut-il que les travaux de recherche collaboratifs prennent appui sur des technologies de registre développées impliquant des acteurs français.

Le premier rapport de la task force blockchain sera présenté prochainement au Gouvernement. Il recensera des recommandations pour définir une stratégie nationale sur la blockchain.

Ces dernières peuvent être résumées en trois priorités :

  • investir 25 millions d’euros sur cinq ans pour l’aide à la conception et validation des projets,
  • permettre aux applications basées sur la blockchain d’utiliser le service d’Etat d’identité numérique plutôt que d’utiliser le leur
  • enfin, créer des formations dédiées à la blockchain pour pallier la pénurie de compétences de fond dans l’écosystème.
Verrous juridiques et souveraineté

Pour ma part, j’ai eu l’honneur d’intervenir afin de réagir aux recommandations et conclusions de cette mission.

A cette occasion, en tant que législateur, j’ai notamment voulu aborder les verrous juridiques. En effet, l’un des grands chantiers qui nous attend est la question de la preuve blockchain, avec la problématique de la présomption de preuve. 

J’ai ensuite abordé un chantier tout aussi crucial, la question de notre souveraineté.

La recherche, les formations, les startups sont des atouts nationaux au service de notre souveraineté numérique.

Enfin la task force blockchain a exprimé la volonté de créer un nouvel évènement afin de faciliter les collaborations entre les start-ups et le monde de la recherche dans le domaine de la blockchain.

▶︎ En savoir plus :

  • https://www.jeanmichelmis.fr/une-force-operationnelle-pour-faire-de-la-france-le-pays-leader-des-technologies-de-rupture/
  • https://www.entreprises.gouv.fr/